Journée internationale des peuples autochtones : Thèrése Etimbe, le témoignage d'une femme transformée par le programme d’alphabétisation

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Le monde a célébré le 9 août de cette année la Journée internationale des peuples autochtones autour du thème : « La protection des droits des peuples autochtones en situation d'isolement volontaire et de contact initial. »

Bien que ces communautés comptent un grand nombre d’analphabètes, Thérèse Etimbe Basuwa Ekofo fait parler d’elle grâce à un programme d’alphabétisation mis en place. Depuis 2004, USAID (via WWF) finance le programme de conservation et de développement au paysage Salonga qui, à son tour, a commencé à intégrer le volet d’alphabétisation fonctionnelle mis en œuvre par Action d’Aide Sanitaire pour le Développement (AASD) depuis 2013.  

Alors que la majorité des peuples autochtones ne savent ni lire, ni écrire ou calculer, ce programme d’alphabétisation vient leur donner un effet d’entraînement sur tous les aspects du développement communautaire, particulièrement l’autonomisation de la femme et l’accès au droit, à la liberté d’expression ou d’opinion ainsi qu’à l’inclusion sociale.

Comment apprendre à lire et écrire a transformé la vie de Thérèse ? 

Membre des peuples autochtones (PA) du village Bongale3 dans le secteur de Monkoto, Thérèse Etimbe Basuwa Ekofo menait une vie ordinaire loin des projecteurs. En 2015, lorsqu’elle s’inscrit au centre d’alphabétisation installé dans son village, elle se révèle aussitôt comme la lauréate de sa promotion. A la fin de la formation, sachant désormais lire, écrire et calculer, Thérèse est retenue comme éducatrice pour pérenniser le centre d’alphabétisation de son village. Elle est rapidement devenue une icône, un porte étendard de la promotion des femmes et des peuples autochtones.   

Depuis qu’elle a appris à lire et écrire, il y a à peine neuf ans, grâce au programme d’alphabétisation en faveur des communautés riveraines, financé par USAID, Thérèse Basuwa Ekofo vit une nouvelle vie. Elle, qui n’a pas connu de scolarité dans sa jeunesse, s’est révélée, à 40 ans, une élève exemplaire, régulière, passionnée, brillante et appliquée. Ceci lui a valu l’admiration et le respect de toute la communauté de Bongale 3, l’une de plus importantes agglomérations des peuples autochtones du territoire de Monkoto.

« Après les enseignements, elle avait l’habitude de réunir ses collègues en difficulté pour les aider à répéter et assimiler les leçons », se souvient une de ses condisciples. 

A la fin de la session de formation, à la recherche des compétences locales pour assurer la continuité du centre d’alphabétisation dans la localité, le jury avait choisi cette quarantenaire mariée et mère de 8 enfants pour des sessions supplémentaires de mise à niveau. Depuis, elle est enseignante et tient de main de fer, le centre d’alphabétisation de son village qui, a vu passer plusieurs promotions hommes et femmes d’un certain âge.  A ce jour, il s’observe une hausse de la demande des services d’alphabétisation dans le corridor de Monkoto avec une forte prévalence des femmes PA.   



« Sans savoir lire, écrire et calculer, nous étions la risée de la société qui nous fixait d’autorité le prix de nos marchandises au marché et nous donnait des billets d’argent dont on ne connaissait pas la valeur », témoigne Antoinette Booto, une des apprenants du centre. En plus de sa nouvelle capacité d’enseignante, Thérèse Basuwa Ekofo s’est aussi initiée à la technique de fabrication de savon artisanal. Cette activité lui assure un revenu complémentaire pour accroitre son autonomisation et répondre aux différents défis de son foyer.  

Consciente de son nouveau statut social, Basuwa Ekofo Thérèse avoue modestement être devenue une petite référence régulièrement consultée pour des questions concernant sa communauté.  

Avec un peu de recul, elle considère l’alphabétisation comme un nouveau départ, une seconde chance pour sa vie. Elle peut ainsi mieux orienter ses enfants (dont le plus âgé, 25 ans, veut accéder à l’Université), se décomplexer et valoriser sa communauté qu’elle représente dans différents foras.

Elle rêve d’une carrière d’enseignant dans la fonction publique. Mais, entre temps, elle ne boude pas le plaisir et la responsabilité d’être une des rares femmes alphabètes de sa génération dans sa communauté.  

Par ailleurs, il sied de noter que les peuples autochtones représentent 476 millions de personnes réparties dans 90 pays et quoique ne représentant que moins de 6 % de la population mondiale, ils constituent aujourd’hui au moins 15 % des individus les plus marginalisés de la planète. 

Les Nations Unies ont retenu la date du 9 août comme dédiée à cette partie de la population afin de sensibiliser le public aux besoins des peuples autochtones et aussi rappeler la première réunion du Groupe de travail des Nations Unies sur les populations autochtones, tenue à Genève en 1982.

Cathy Ibandula


09-Août-2024

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