Le Président kényan William Ruto a, dans une interview accordée à Jeune Afrique et The Africa Report, soutenu que la crise sécuritaire dans la partie Est de la République démocratique du Congo (RDC) et les tensions actuelles entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame ne pourront se résoudre que par une solution congolaise. « En tant que chefs d'État, lors d'une réunion, nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe sont-ils des Rwandais ou des Congolais ? Et la RDC nous a dit : ce sont des Congolais. Fin du débat », a-t-il déclaré.
Poursuivant sa logique, William Ruto s'est encore interrogé sur le fait que si les membres du M23 sont des Congolais, comment est-ce que cela pourrait bien être un problème du Rwanda ou de Paul Kagame. Une rhétorique curieuse pour un président qui était censé maitriser la question d’autant plus que son pays a servi de cadre pour des pourparlers de paix dits « processus de Nairobi ». Mais le même William Ruto a toléré la création sur son sol d’une nouvelle rébellion Alliance Fleuve Congo (AFC) de Corneille Nangaa qui a ensuite fait fusion avec le M23. « Par ce geste, William Ruto ne parait plus comme un observateur neutre. Même ses prises de position proches du Rwanda ne sert plus la cause du processus de Nairobi », note un analyste.
Pour Thierry Monsenepwo, un des communicants au sein de la majorité au pouvoir en RDC, l’analyste « simpliste » et « choquante » du président kényan est une méconnaissance des bases de l’histoire de cette crise. « William Ruto affirme que le M23, étant composé de Congolais, est un problème purement congolais et n’a rien à voir avec le Rwanda. Cette vision réductrice ne tient pas compte de la dynamique géopolitique et des interventions étrangères documentées dans cette région. Comparer la crise en RDC à un simple problème interne revient à méconnaître les bases mêmes de l’histoire des conflits et de leurs résolutions. Cette analyse simpliste est d’autant plus choquante qu’elle rappelle des comparaisons fallacieuses. », a-t-il estimé.
Il est indispensable, selon lui, de rappeler que la présence des forces rwandaises en RDC est largement documentée et confirmée par des sources crédibles. « Même le Président rwandais, Paul Kagame, a justifié cette présence lors de plusieurs interventions médiatiques. », rappelle Thierry Monsenepwo. En voulant se faire l’avocat de Kigali, William Ruto travestit même la position actuelle du Rwanda qui reconnait dans plusieurs communiqués sa présence dans le conflit armé dans l’Est de la RDC. Une position qui risque de faire perdre la crédibilité au processus de Nairobi. Seul le processus de Luanda risque de rester crédible surtout aux yeux des Congolais.
Dido Nsapu
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