Denis Mukwege après le carnage de Goma : « Il y a urgence à couper l’aide militaire et financière au Rwanda »
Après la révélation des premiers chiffres des personnes décédées lors de l’invasion de la ville de Goma par l’armée rwandaise, en appui aux rebelles du M23, le prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, préconise une solution urgente pour mettre fin aux massacres des civils en République démocratique du Congo. Il faut, selon lui, couper l’aide militaire et financière au Rwanda et de lui imposer des sanctions économiques.
Dans un message intitulé « Arrêtez les massacres des Congolais, la paix est possible » et publié ce mardi 4 février 2015, le célèbre gynécologue congolais dénonce l’inaction de la communauté internationale qu’il accuse d’appliquer les deux poids deux mesures dans la crise qui sévit au sein de la région des Grands lacs, particulièrement dans l’Est de la RDC.
« Depuis des décennies et encore ces dernières semaines, je n’ai cessé d’alerter et de mobiliser l’opinion internationale sur l’urgence d’imposer la paix en RD Congo et dans la région des Grands-Lacs africains, mais en vain. », déplore-t-il. Denis Mukwege condamne fermement cette nouvelle attaque du Rwanda-M23 à Goma mais aussi « le silence complice et l’inaction de la communauté internationale face aux graves violations des droits de l’homme et des droits humanitaires commis en RDC ».
Pour mettre fin à ces massacres, Denis Mukwege pense que des solutions existent et appelle à des sanctions financières et militaires contre le régime de Kigali. « Et pourtant les solutions existent pour arrêter durablement cette catastrophe. En premier lieu il y’a urgence à couper l’aide militaire et financier au Rwanda et de lui imposer des sanctions économiques. », a préconisé Denis Mukwege. Et de poursuivre : « Ensuite, l’Accord-Cadre de la paix, la sécurité et la Coopération pour la RDC et la région, dit Accord-Cadre d’Addis-Abeba signé le 24 février 2013 par 11 pays ( RD Congo, Rwanda, Burundi, Ouganda, Angola, Tanzanie, Zambie, Soudan du Sud, République centrafricaine) rejoints par le Kenya et le Soudan le 31 janvier 2014 ainsi que l’ONU , l’Union africaine , la CIRGL, la SADC et parrainé par l’Union européenne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Belgique et la France, avait déjà jalonné le chemin d’une paix juste et durable dans la sous-région des grands lacs africains. Il est plus qu’urgent de mettre en œuvre ses recommandations. »
Denis Mukgweke séjourne en Europe pour continuer à faire pression sur l’Union européenne qui a signé un contrat avec le Rwanda sur les « minerais critiques » alors que ce pays n’en possède quasiment pas. « Puisque l’exploitation des ressources naturelles est le véritable nerf de la guerre, depuis des semaines et en ce moment même, je me retrouve en Europe pour sensibiliser les gouvernants, les institutions internationales, les entreprises et les organisations de la société civile sur l’intérêt de l’approvisionnement licite, pacifique et gagnant-gagnant de ces ressources dans une optique du « Business for peace » qui promeut l’intérêt durable du peuple congolais en même temps que celui des entreprises désireuses des matières premières stratégiques dont regorge le sous-sol congolais », a-t-il écrit dans sa déclaration dont une copie est parvenue à Digital Congo.
D’après le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, le bilan de l’assaut de l’armée rwandaise dans la ville de Goma grimpe à 2000 morts. Les premiers chiffres avancés faisaient état d’au moins 773 personnes tuées, d’autres corps jonchaient encore les rues de Goma au moment des premières estimations.
Dido Nsapu
04-Février-2025
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