Au Zénith de Nantes, Un autre Fally

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« Il restitue ses chansons exactement comme sur le CD et puis sur scène, ça a été globalement correct au point que les parents auraient pu amener même des très jeunes enfants ».

Dans un Zénith réduit de moitié, sur le rang à mi-hauteur où j’avais pris place, une dame pas trop friande de la « musique d’aujourd’hui à cause des insanités dans les textes et dans des clips » révise quelque peu son jugement pour la circonstance : « Il restitue ses chansons exactement comme sur le CD et puis sur scène, ça a été globalement correct au point que les parents auraient pu amener même des très jeunes enfants ».

Très beau compliment pour Fally Ipupa qui venait de boucler la première partie de sa prestation le samedi 7 décembre 2024 au Zénith de Nantes. La suite du concert donnera à recenser plusieurs facettes : du ressassé, de la minutie, une précision diabolique et une ambiance fluctuante.

Sans que personne ne songe à fournir une explication au public, la première partie qui devait s’arrêter à 19h30 s’éternise, le gros du public suit distraitement, les plus âgés ont le temps de médire sur les milliers de paires de cuisses, de nombrils et de dos nus outrageusement exposés qui n’arrêtent pas d’aller et de venir. Sans compter ces innombrables seins qui débordent des bustiers et des petits hauts et qui donnent l’impression qu’une pointe les ferait éclater comme de vulgaires ballons d’air…

C’est finalement à 20h50 que Fally Ipupa et son groupe démarrent en trombe avec le premier tube de sa carrière solo « Droit chemin », des cris fusent surtout de la fosse où les groupies ont choisi de s’agglutiner. Dans les travées, ça s’anime : plusieurs jeunes quittent leurs places, répètent les chansons en chœur, participent en distance à la chorégraphie et ne se gênent guère d’obstruer la vue aux autres.

Ses chansons les plus prisées vont s’enchaîner et le public en a pour son argent. La musique est limpide, on entend distinctement les guitares, le clavier fait même des subtiles improvisations en reprenant notamment les airs d’une chanson populaire… C’est la symbiose parfaite sur scène et la communion avec le public.

Ce n’est plus un humain, il n’a plus d’os, c’est un ver de terre qui se meut dans la boue.

Après cette entrée en matière enchanteresse d’une trentaine de minutes environ, sous le format d’un medley, Fally va changer de registre et propose une série de chorégraphies qui mettent en exergue une discipline scénique incroyable, une synchronisation à la précision diabolique.

Les tenues des danseuses sont très bien taillées, parfois sensuelles sans être vulgaires, elles sont chaussées avec classe et concordance. Le public savoure, apprécie mais avec moins d’épanchement.

En milieu de spectacle, Fally est revenu sur scène ceint d’un « boudin » autour de la hanche et c’était parti avec ses déhanchements lascifs : le chanteur n’est plus un humain, il n’a plus d’os, les ondulations partent des bouts des orteils jusqu’à ses cheveux. Représentez-vous un ver de terre en train de se mouvoir dans la boue et vous auriez visualisé Fally à ce moment-là.

Le public pique un peu du nez

Les artistes sont souvent face à un dilemme : démarrer le concert en trombe ou le finir en feu d’artifice ? À quel moment utiliser ses meilleures munitions : au début ou à la fin ? Fally aurait peut-être dû inverser l’ordre de son répertoire.

La qualité d’interprète de ce chanteur superbement illustrée dans la première partie a montré… un autre Fally. Ce Fally qui ne devrait pas se laisser manger par la star avec ses incessants « Est-ce que ça va ? », « Vous êtes là ? », « Levez les mains, levez les mains ».

Après un entracte inapproprié et une heure et trente minutes plus tard, Fally a beau embrayer avec la chanson 207 et sa belle chorégraphie, l’ambiance était retombée. Le chanteur lui-même n’avait pas son air enjoué habituel. Dans le hall, au moins 200 personnes ne sont pas revenues dans la salle…

Dans la fosse où les fans les plus enthousiastes s’étaient installés, ce n’est pas la Sibérie mais pas très loin. Une dame congolaise un peu mauvaise langue va relever : « Bana mike oyo bazalaki koganga kuna liboso, balembi ? », traduisez : « Les jeunes filles qui criaient à tue-tête près de la scène  sont-elles fatiguées ? »

Botowamungu Kalome/AEM


(BTT/PKF)


12-Décembre-2024

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